De Semira à Ebenizer,l’Afrique malade de ses enfants
Elle s’appelait Semira Adamu, elle chantait juste avant de mourir étouffée, car refusant d’être expulsée d’un pays, la Belgique, où elle était juste en quête d’un peu d’humanisme. Ni la première, ni la dernière. Il s’appelait Ebenizer Folefack Sontsa, mort dans un centre fermé pour avoir refusé d’être expulsé d’un pays, la Belgique, où il était juste en quête d’un peu de bonheur.
Ni le premier, ni le dernier. Malheureusement pour cette chère Afrique, malade de ses enfants. Que nos émotions, nos pleurs et nos indignations ne nous disculpent pas de notre part de responsabilité dans ces tragédies humaines.
Entre Semira Adamu et Ebenizer Sontsa, presque douze ans.
Douze années durant lesquelles les autorités occidentales, tout en continuant à améliorer les conditions de vie de leurs concitoyens, ont réduit de manière drastique l’accès de leur territoire aux autres peuples.
Douze années durant lesquelles, les autorités africaines, tout en continuant à dégrader les conditions de vie de leurs concitoyens, ont ouvert grandement les portes de leur territoire aux prédateurs de tous bords, cela évidemment au détriment de ressources humaines et naturelles de leur peuple.
Douze années durant lesquelles, les africains, tout en continuant à lorgner vers l’Occident comme une terre de cocagne, ont renoncé à se battre pour l’Afrique, leur terre d’origine.
Notre indignation paraît légitime lorsque nous dénonçons les traitements inhumains infligés par les « blancs » à nos compatriotes demandeurs d’asile en Europe, mais n’est-il pas temps que du Zimbabwe en Algérie, du Kenya en Côte d’Ivoire, les africains arrêtent de se comporter en éternels assistés de cette terre et assument enfin leur responsabilité ?
N’est-il pas temps que les africains se prennent en charge en commençant par reconnaître et accepter qu’ils sont les premiers responsables de leur misère car de quelle dignité humaine peut se prévaloir une nigériane, un camerounais ou un congolais enfermé comme du bétail dans un centre fermé ?
N’est-il pas temps d’intérioriser le fait que nous sommes la cause mais en même temps la solution aux problèmes de l’Afrique.
Nous sommes co-responsables de la mort hier de Samira Adamu et celle du 1er mai 2008 de Ebenizer Sontsa car les « blancs » qui "tuent" » l’Afrique, les « chinois » qui "exploitent" l’Afrique ne sont que les reflets de l’abandon de nos privilèges sur cette même Afrique, terre ancestrale que, soit disant, nous chérissons tant.
Il est trop facile de s’exciter et de vouer aux feux de l’enfer ces "leucodermes" qui chez eux ne respectent pas nos droits alors que nos frères "kamits" qui nous gouvernent, nous traitent pire que de chiens galeux chez nous.
Alors, pleurons nos morts et enterrons-les dans la dignité africaine s'il nous en reste mais, si au moment de leur dire un dernier adieu, nous ne leur promettons pas de nous battre pour recouvrer ces privilèges abandonnés, alors au collectif Semira Adamu viendra s’ajouter le collectif Ebenizer Sontsa en attendant la prochaine mort, les prochaines indignations, les prochaines émotions d’un peuple, otage de ses frustrations et vivant sa vie par procuration.
Le combat est à commencer chez nous, d'abord.
Que ton âme repose en paix cher Frère Ebenizer. Nos sincères condoléances à ta famille.
Jean-Eric Badibanga